Adolf Hitler

hitler

Homme d'État

braunau - Autriche, 20 avril 1889 || Berlin - Allemagne, 30 avril 1945

Sa jeunesse
Adolf Hitler, quatrième enfant d'une famille comportant 5 enfants (Aloïs Jr, Angela, Edmund, Paula), est né le 20 avril 1889 à 18h30 à Braunau, petite ville de Haute‑Autriche située à la frontière bavaroise. Son père (Aloïs Hitler) est né le 7 juin 1837 et terminera sa vie en tant que haut receveur des douanes, quant à sa mère (Klara Pölzl) elle est née en 1860 Lors de sa scolarité à Linz, il ne manifeste que des aptitudes très moyennes et abandonne ses études secondaires à l'âge de seize ans. Il entame alors une existence oisive, fréquentant les théâtres, découvrant la musique wagnérienne et consacrant de nombreuses heures à l'élaboration de projets architecturaux plus ou moins fantaisistes. Son père meurt le 3 janvier 1903 et sa mère atteinte d'un cancer du seil décède le 21 décembre 1907. Attiré par Vienne, il quitte définitivement Linz en 1908 et tente sans succès d'entrer à l'Académie des beaux‑arts. Une fois l'héritage paternel épuisé, il vit, difficilement, d'une pension d'orphelin et du dessin de cartes postales et d'aquarelles. C'est durant ces années viennoises que l'antisémitisme en vient à occuper une place centrale dans sa vision du monde. Écoutant les discours du chrétien‑social Karl Lueger et du nationaliste pangermaniste Georg von Schönerer, lisant les écrits satiriques et racistes d'Adolf Lanz, Hitler croit découvrir dans le judaïsme la source de tous les maux qui menaceraient la nation allemande et la "race aryenne".

Le caporal
Désireux d'échapper au service militaire dans l'armée austro‑hongroise, Hitler s'installe à Munich en 1913. Lorsque éclate la Première Guerre mondiale, il s'engage dans l'armée bavaroise; ayant été blessé à deux reprises, il finit la guerre avec le grade de caporal, et est décoré de la croix de fer de première classe. Traumatisé par la défaite, il rejoint le dépôt de son régiment alors aux mains d'un conseil de soldats (novembre 1918). En avril 1919, il assiste à Munich à la proclamation de la république des conseils de Bavière, puis à son impitoyable répression du 1er au 10 mai. Il est alors désigné pour enquêter, au sein d'une commission militaire, sur les événements révolutionnaires. En septembre 1919, il adhère au petit parti ouvrier allemand (DAP) – il en est le septième adhérent –, rebaptisé en février 1920 parti ouvrier allemand national‑socialiste (NSDAP).

Le meneur
Hitler s'imposa rapidement par son esprit d'initiative aux autres membres de son parti, qui, en 1919, pratiquaient plus une "cuisine de club", selon ses propres mots, qu'une activité politique conséquente. Hitler se fait remarquer par ses qualités d'orateur – sa voix magnétique et gutturale fascine l'assistance –, et s'impose à la présidence du parti en juillet 1921. À cette date, le NSDAP compte déjà plus de 3 000 militants, des troupes paramilitaires, les sections d'assaut (SA), et dispose d'un journal, le Völkischer Beobachter. Deux années plus tard, le NSDAP domine tous les autres groupuscules extrémistes, rassemblant 55 000 militants. Aux côtés du général Ludendorff, l'ancien caporal est devenu l'une des deux grandes figures de l'extrême droite munichoise, et sa réputation commence à s'étendre hors de Bavière. Le 8 novembre 1923, alors que l'Allemagne connaît une situation économique et politique dramatique (les troupes françaises occupent la Ruhr (Allemagne) et l'inflation s'accroît d'heure en heure), Hitler tente un coup de force, mais le putsch, mal organisé, échoue lamentablement: seize nazis sont tués par la police munichoise, et Hitler lui-même est arrêté. Lors du procès qui s'ensuit, le chef du parti nazi n'en réussit pas moins à se présenter comme un patriote révolté par les agissements d'une république indigne, ce qui lui vaut la sympathie de toute l'Allemagne nationaliste. Condamné en février 1924 à cinq ans d'emprisonnement, Hitler est libéré dès le mois de décembre. Il a consacré ces quelques mois passés dans la forteresse de Landsberg (Allemangne) à rédiger Mein Kampf (Mon combat), exposé confus de ses idées et de son programme, qui paraît en 1925. Il donnera une formulation plus structurée dans ce que l'on appelle le "Deuxième Livre", rédigé en 1928, mais jamais publié de son vivant.

Sa vision
La vision hitlérienne du monde est fondamentalement dominée par le constat darwiniste de la lutte des espèces pour la conquête d'un "espace vital" Lebensraum. Seules les «races» humaines les plus fortes, les plus "pures", en tête desquelles Hitler place les Aryens, c'est‑à‑dire les populations blanches du nord de l'Europe, parviendront selon lui à s'imposer dans cette lutte impitoyable pour la survie. Mais elles doivent à tout prix éviter l'abâtardissement. Les juifs, que Hitler situe au dernier échelon de l'échelle raciale, constituent une menace particulièrement dangereuse, car, peuple sans terre, ils parasitent les peuples «sains» afin de les détruire ou de les conquérir en affaiblissant leur "valeur raciale". Pour ce faire, ls recourent aux poisons que sont la démocratie, l'internationalisme, le marxisme et le pacifisme. Seule la conquête d'un espace vital, notamment à l'est sur la Pologne et l'URSS, et l'anéantissement des juifs permettront de sauver la "race" germanique. Hitler va jusqu'à refuser toute coalition avec d'autres mouvements extrémistes, affirmant que "l'État raciste" ne peut être créé que "par la volonté agissante d'un mouvement unique". Enfin, il affirme la nécessité d'un chef incontesté.

Le politicien
Dans l'Allemagne du milieu des années 1920, la lutte politique revêt des formes très violentes. Le pays est marqué par l'affrontement entre communistes et groupes extrémistes de droite, et les dirigeants du NSDAP vont mettre à profit ce chaos auquel ils contribuent pour prendre le pouvoir.

Son ascension
À sa sortie de prison, Hitler doit reprendre en main son parti, miné par les rivalités internes: dans le nord de l'Allemagne s'est constituée une aile gauche sous la direction de Gregor Strasser. Lors de la réunion de Bamberg (Allemagne), le 14 février 1926, Hitler réussit cependant à restaurer son autorité. Usant de son charisme, il s'impose comme la seule figure capable d'assurer la survie et la cohésion d'un mouvement aux multiples tendances. C'est à partir de cette date que s'élabore le mythe du Führer, le «guide», fondé sur un rituel sophistiqué, l'usage du salut hitlérien et l'application du principe du chef (Führerprinzip), qui consiste en un respect absolu de la hiérarchie. En dépit de cette consolidation interne, le NSDAP subit de plein fouet le contrecoup de la stabilisation économique et sociale de la république de Weimar, sensible à partir de 1924. Malgré ses 100 000 adhérents et sa solide organisation bureaucratique, le parti nazi n'obtient que 26 % des voix et 12 sièges de députés aux élections législatives de 1928. Sans la crise économique de 1929, l'ascension de Hitler aurait sans doute été impossible. L'Allemagne est alors un pays miné par les tentatives de coups d'État qui ont suivi la guerre; les militants communistes ont été décimés par la répression, et les partis progressistes sont très affaiblis par leurs rivalités. Dans ces conditions, le vote protestataire, traduisant le désespoir d'une population confrontée à un taux de chômage élevé, profite essentiellement au parti nazi; celui-ci mobilise l'opinion sur le thème à la fois vague et exaltant de la «communauté du peuple» (Volksgemeinschaft).

Le chancelier
Aux élections de 1930, les nazis envoient 107 des leurs au Reichstag; en juin 1932, ils seront 230. À l'élection présidentielle de mars 1932, Hitler met le maréchal Hindenburg en ballottage. En dépit de ces succès, la majorité absolue est cependant loin d'être atteinte par le parti nazi. Mais les conservateurs qui gouvernent sans majorité parlementaire sont également dans l'impasse. Il leur manque le soutien populaire indispensable à l'établissement définitif du régime autoritaire qu'ils appellent de leurs vœux. C'est pourquoi bien des dirigeants conservateurs, notamment le magnat de la presse Alfred Hugenberg, se rallient à l'idée défendue par Franz von Papen, l'un des proches de Hindenburg, de la participation de Hitler au gouvernement: l'objectif de von Papen est de «ligoter» Hitler dans un cabinet à dominante conservatrice, tout en récupérant la force mobilisatrice de son parti. Le 30 janvier 1933, le président Hindenburg décide, après bien des réticences — il traite Hitler de «caporal bohémien» —, de nommer ce dernier à la chancellerie du Reich, à la tête d'un gouvernement qui ne comprend que deux nazis, Göring et Frick. Une fois au pouvoir, Hitler déjoue tous les plans des conservateurs et instaure très rapidement un régime dictatorial.

La dictature
Le 4 février, sous le prétexte de lutter contre la «menace communiste», les nazis obtiennent du vieux président Hindenburg la promulgation d'une ordonnance autorisant l'État à interdire toutes réunions et publications qui menaceraient sa sécurité. En Prusse notamment, la police, dirigée par Göring, multiplie les arrestations, qui touchent dabord les communistes, et épure l'administration de ses éléments démocrates. Rapidement, de nombreux SS et SA sont engagés comme «policiers auxiliaires». L'incendie du Reichstag, le 27 février, entraîne la publication par le président du Reich d'une ordonnance «Pour la protection du peuple et de l'État», qui instaure de fait l'État d'urgence et donne tous les pouvoirs au gouvernement. La répression se systématise, et frappe désormais les sociaux‑démocrates et l'ensemble des Allemands hostiles au nazisme; beaucoup sont assassinés dans les premiers camps de concentration ouverts pour y interner les nombreux opposants. L'interdiction du parti communiste, le soutien des conservateurs et celui, plus réticent, du parti catholique du centre permettent à Hitler d'obtenir du Reichstag, le 23 mars 1933, le vote d'une «loi d'autorisation» (Ermächtigungsgesetz), qui lui assure les pleins pouvoirs pour quatre ans et légalise la dictature. Le 2 mai, les syndicats sont forcés de prononcer leur dissolution, imités dans les semaines qui suivent par tous les partis politiques non nazis. Le 14 juillet, le NSDAP est proclamé parti unique.

La nuit des longs couteaux
Hitler, par un mélange de pseudo‑légalité et de violence politique, étend son pouvoir, tirant pleinement parti de l'enthousiasme qu'a suscité son arrivée à la chancellerie ainsi que des divisions de ses opposants. Le 30 juin 1934, lors de la sanglante Nuit des longs couteaux, il élimine Ernst Röhm et les chefs SA les plus gênants, tandis qu'il confie à Göring le soin d'éliminer le général Kurt von Schleicher et l'opposant nazi "de gauche" Gregor Strasser, gagnant ainsi l'estime de l'armée. Le 2 août 1934, la mort de Hindenburg lui permet de cumuler les fonctions de chef de l'État et de chef du gouvernement. Le 18 août, plus de 89 % des électeurs allemands ratifient les nouveaux pouvoirs du Reichsführer. En un an et demi, Hitler est parvenu à instaurer un pouvoir sans partage, les opposants politiques ayant été assassinés ou étant internés dans les camps.

Des institutions parallèles
Bien que totalitaire, le nouveau pouvoir nazi se révèle vite d'un fonctionnement chaotique, ne supportant pas la discipline du cabinet ministériel: Hitler préside de plus en plus rarement un gouvernement dont l'ultime réunion a lieu en 1938. Abandonnés à eux-mêmes, les ministères voient par ailleurs leurs prérogatives se restreindre considérablement. Pour les court‑circuiter, Hitler crée des institutions spéciales, chargées de missions spécifiques, mais dotées de pouvoirs très larges, qu'il confie à ses lieutenants les plus fidèles. La police et plus généralement les outils de la politique de sécurité échappent totalement au contrôle du ministère de l'Intérieur et tombent entre les mains de Heinrich Himmler, le chef des SS, qui bâtit un véritable État dans l'État. Chargé de la mise en œuvre du plan de quatre ans qui devait permettre d'adapter l'économie à l'effort de guerre, Göring empiète largement sur les domaines de compétence du ministre de l'Économie. En définitive, dans le système nazi, tout dépend de la volonté du Führer, qui ne prend que rarement l'initiative d'une décision, se contentant de quelques propos vagues qui sont ensuite "interprétés" et présentés sous forme de projets au dictateur, qui donne ou refuse alors son indispensable accord. Seuls les dignitaires de l'entourage direct de Hitler détiennent ainsi un pouvoir réel dans un système qui constitue l'une des formes les plus achevées de parti‑État totalitaire.

La guerre
En l'espace de six ans, de 1933 à 1939, le régime acquiert une popularité certaine, notamment grâce à la maîtrise du chômage et aux succès en politique extérieure. Ne cessant de protester de ses intentions pacifiques, le dictateur concilie habilement concessions apparentes et coups de force audacieux. Le 16 mars 1935, il annonce le rétablissement du service militaire obligatoire; le 7 mars 1936, l'Allemagne réoccupe la zone démilitarisée de la Rhénanie (Allemagne); le 12 mars 1938, elle annexe l'Autriche (Anschluss). Enfin, en septembre 1938, à Munich, la France et le Royaume‑Uni s'inclinent une fois encore devant Hitler en acceptant l'intégration du territoire des Sudètes au Reich. Hitler, ayant ainsi effacé les dispositions politiques et l'humiliation du traité de Versailles, est encouragé à poursuivre une politique qui suscite l'inquiétude des chefs de l'armée, jusque-là enthousiastes, car ils estiment la préparation insuffisante pour soutenir un conflit européen. Mais Hitler, qui assume depuis février 1938 le commandement suprême des forces armées, décide de continuer l'aventure: en mars 1939, la Tchécoslovaquie cesse d'exister, sa partie tchèque devenant un protectorat allemand. Avec la crise de Dantzig, pendant l'été 1939, il apparaît cependant que la France et la Grande‑Bretagne ne sont plus disposées à céder. Mussolini et Göring tentent, en vain, de modérer Hitler. Fort du pacte de non‑agression signé entre l'Allemagne et l'URSS le 23 août 1939, le dictateur ordonne l'invasion de la Pologne le 1er septembre. C'est le début de la Seconde Guerre mondiale.

Des victoires à l'effondrement
Après l'écrasement de la Pologne et la défaite de la France, Hitler est le maître d'une grande partie de l'Europe. Il est alors présent sur tous les fronts, aux côtés de son état‑major comme dans les pays occupés (entrevue avec Pétain à Montoire), et mène la double tâche de conquérir l'Europe tout en y imposant l'ordre nazi. Hitler est convaincu de son génie militaire et de la justesse de ses théories politiques. Il fixe alors des objectifs militaires irréalistes, comme Moscou(URSS) puis Stalingrad(URSS), commet nombre d'erreurs stratégiques. Sur le plan politique, en France, ses directives au plénipotentiaire général du service de la main‑dœuvre, Fritz Sauckel, renforcent l'opposition au régime de Vichy; en Alsace (France) occupée, il inspire directement le gauleiter Robert Wagner qui suscite l'hostilité et la haine. Pour Hitler, la guerre n'est pas seulement la conquête de l'"espace vital"; il faut aussi débarrasser les terres conquises des ennemis du Reich. C'est aux SS qu'il confie cette tâche; il se décharge ainsi sur Himmler des basses œuvres de police et d'anéantissement des opposants et indésirables.

La fin
Inventif et audacieux dans l'offensive, Hitler ne parvient pas à concevoir une stratégie défensive, notamment sur le front russe. Les défaites (Stalingrad 'URSS), février 1943; Afrique du Nord, mai 1943) ont de profondes conséquences sur son caractère, et il renonce à toute apparition en public, au grand désespoir de Goebbels, sur qui retombe tout le poids du maintien de la popularité du régime. De plus en plus taciturne, le Führer ne sort de son silence que pour asséner à son entourage des exposés délirants sur la réorganisation de l'Europe, et il passe l'essentiel de son temps penché sur des cartes d'état‑major; ses proches peuvent observer presque à vue d'œil son vieillissement accéléré, dû au surmenage et à l'abus de médicaments. Malgré tout, son pouvoir reste incontesté jusqu'aux derniers jours de la guerre. Cependant, des officiers comme Beck, Rommel et Canaris complotent contre Hitler, et le 20 juillet 1944, le colonel Stauffenberg tente de l'assassiner. Le complot échoue. Le 30 avril 1945, alors que les troupes soviétiques investissent Berlin, Hitler, après avoir épousé sa maîtresse, Eva Braun, met fin à ses jours dans son bunker. Auparavant, il avait ordonné la destruction de toute l'infrastructure industrielle de l'Allemagne, et rédigé son testament politique.

Source : © Encyclopédie Hachette Multimédia 2003