Friedrich Wilhelm Ernst Paulus

paulus

Feld-maréchal

Breitenau - Allemagne, 3 septembre 1890 || Dresde - Allemagne, 1 février 1957

Fils d'un administrateur d'une école réformé, Paulus tenta de devenir un officier cadet dans la marine allemande, mais fut refusé à cause de son manque de sang aristocratique. Après avoir étudié brièvement le droit à l'université de Munich, il rejoignit l'armée allemande en 1910. L'année suivante il fut officier comme second lieutenant dans le 3e régiment d'infanterie de Baden.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Paulus était officier dans le Bataillon III. En 1915 il fut affecté à l'état-major du 2e régiment prussien de Jaeger et 2 ans plus tard à l'état-major des opérations du corps alpin. Durant la guerre il servit sur le Front Est et sur le Front Ouest.

Paulus resta dans l'armée après la guerre et fut nommé officier dans le 14e régiment d'infanterie de Konstanz. En 1922, il était instructeur à l'état-major général et l'année suivante il rejoignit le Groupe Armé II à Kassel. De 1924 à 1927, il fut officier à l'état-major général de la Wehrkreis V de Stuttgart. Un officier supérieur commenta que Paulus était : "lent, mais très méthodique". D'autres se plaignirent qu'il :"manquait de rapidité dans ses décisions". Toutefois, il continua à être promu et, en 1930, il devint un instructeur tactique dans la 5e division d'infanterie.

En 1934, il est promu au grade de lieutenant colonel et nommé commandant de la Section des transports moto III. En septembre 1935, Paulus succéda à Heinz Guderian comme commandant en chef de l'état-major des forces mécanisées allemandes. Considéré comme un expert dans la guerre motorisée, Paulus fut promu major général et devint directeur de formation pour quatre divisions légères allemandes en 1939. Celle-ci inclut deux régiments d'infanterie motorisés, un régiment de reconnaissance et un régiment d'artillerie motorisée.

Juste avant la Seconde Guerre mondiale, Paulus devint chef d'état-major de la 10e armée. Servant sous le commandement du général Walther von Reichenau, Paulus prit part à l'invasion de la Pologne en septembre 1939. Celle-ci fut suivie par l'Offensive à l'Ouest en Belgique et en France.

En juin 1940, Paulus fut nommé lieutenant général et trois mois plus tard devient chef adjoint de l'état-major général. Il rendit visite au général Erwin Rommel en Afrique du Nord à la recherche de renseignements. Son rapport fut extrêmement critique envers Rommel et son Afrikakorps , mais ceci ne fut pas suivi de suite par Hitler.

Paulus apporta alors une étude stratégique sur l'URSS pour envisager l'opération Barbarossa. Les principaux conseils donnés par Paulus à Hitler furent de s'assurer qu'après l'invasion, l'armée rouge de ne se retirera pas à l'intérieur du pays. Pour que la campagne soit un succès, il plaida pour des batailles d'encerclement. Il suggéra aussi que la principale poussée devait être faite en règle dans le nord des marais de Pripyat afin de prendre Moscou.

En décembre 1941, Hitler fut d'accord avec les suggestions faites par le général Walther von Reichenau pour que Paulus soit à la tête de la 6e armée. Promu général, Paulus entre dans ses fonctions le 1er janvier 1942 et livra sa première bataille à Dnepropetrovsk en URSS. L'avance de la 6e armée fut stoppée par l'armée rouge et le mois suivant Paulus fut forcé d'ordonner à ses hommes de reculer à la recherche de meilleures positions défensives.

Le 9 mai 1942, le général Semen Timoshenko, avec 640 000 hommes, attaqua la 6e armée à Volchansk. Paulus, beaucoup plus nombreux, décida de déplacer ses troupes à l'arrière en direction de Kharkov. La 6e armée fut secourue par le général Paul von Kleist et sa 1re armée panzer quand ils heurtèrent le flanc sud exposé de Timoshenko le 17 mai. Paulus était maintenant capable de lancer une contre-attaque le 20 mai et à la fin du mois toutes résistances soviétiques étaient terminées. Un total de 240 000 soldats soviétiques furent tués ou capturés et Paulus fut récompensé par la Croix de Fer.

L'été 1942, Paulus avança avec Stalingrad avec 250 000 hommes, 500 chars, 7 000 armes et mortiers, et 25 000 chevaux. Les progrès furent lents à cause que le carburant était rationné et le Groupe d'armées A avait la priorité. À la fin de juillet 1942, le manque de carburant obligea Paulus à stopper à Kalach. Il ne savait pas jusqu'au 7 août qu'il avait reçu les réserves attendues pour continuer son avance. Au cours de ces dernières semaines, ses troupes tuèrent ou capturèrent 50 000 Soviétiques, mais le 18 août, Paulus, maintenant à seulement 56 km de Stalingrad, manqua encore de carburant.

Quand de nouvelles réserves lui furent arrivées, Paulus décida de préserver le carburant en se déplaçant en avant avec seulement son 14e corps panzer. L'armée rouge attaqua maintenant la partie avant et ils furent stoppés tout près de Stalingrad. Le reste de leurs forces se rendirent et Paulus encercla maintenant la ville. Comme son flanc nord venait d'être attaqué, Paulus décida de retarder l'attaque sur la ville jusqu'au 7 septembre. Pendant qu'il attendait, la Luftwaffe bombarda la ville tuant des milliers de civils.

Comme l'armée allemande avançait vers Stalingrad les Soviétiques combattirent pour chaque bâtiment. Plus les troupes s'enfoncèrent dans la ville, plus les combats de rue devinrent difficiles et les victimes augmentèrent considérablement. Les chars allemands furent moins efficaces dans les secteurs urbains fortifiés parce qu'il fallut se battre maison par maison avec des pistolets, des mitrailleuses et des grenades à main. L'Allemagne eut particulièrement des problèmes avec des positions d'artillerie camouflées intelligemment et des nids de mitrailleuses. Les Soviétiques aussi firent un bon usage des détachements déployés de snipers dans les bâtiments bombardés de la ville. Le 26 septembre la 6e armée pouvait placer le drapeau nazi au-dessus des bâtiments du gouvernement sur la Place Rouge, mais les combats de rues continuèrent.

Hitler ordonna maintenant à Paulus de prendre Stalingrad coûte que coûte avec les forces allemandes. À la radio Hitler parla au peuple allemand : "vous pouvez être assurés que personne ne nous conduira jamais hors de Stalingrad". Quand le général Gustav von Wietersheim, commandant le 14e corps panzer, se plaignit à propos du taux élevé de victimes, Paulus remplaça celui-ci par le général Hans Hube. Cependant, Paulus, qui a perdu 40 000 soldats depuis qu'il est entré en ville n'avait presque plus d'hommes qui combattaient et le 4 octobre il fit une demande désespérée à Hitler pour avoir des renforts.

Quelques jours plus tard cinq bataillons d'engins et une division panzer arrivèrent à Stalingrad. Combattant une guerre d'usure, Staline répondit en demandant trois armées supplémentaires. Les pertes soviétiques furent plus importantes que celles des Allemands, mais Staline avait plus d'hommes à sa disposition que Paulus.

Les fortes pluies d'octobre transformèrent les routes en mer de boue et les transports de réserves de la 6e armée commencèrent à s'enliser. Paulus continua à progresser et au début de novembre il contrôlait 90 % de la ville. Cependant, ses hommes commencèrent à tomber peu à peu à court de munitions et de nourritures. En dépit de ces problèmes, Paulus décida d'ordonner une autre offensive majeure le 10 novembre. L'armée allemande eut de grosses pertes les deux jours suivants et c'est alors que l'armée rouge lança une contre-attaque, Paulus fut forcé de se retirer vers le sud, mais quand il atteignit l'aérodrome de Gumrak, Hitler lui ordonna de stopper et d'attendre en dépit du danger d'encerclement. Hitler lui dit que Göring avait promis que la Luftwaffe lui fournirait les réserves nécessaires par air.

Les officiers supérieurs sous le commandement de Paulus doutèrent que l'acheminement par pont aérien des réserves exigées durant l'hiver soviétiques puisse être réalisé. Tous les commandants de corps discutèrent pour se retirer avant que l'armée rouge ait pu consolider ses positions. Le général Hans Hube dit à Paulus : "Se retirer est notre seule chance". Paulus répondit en disant qu'il avait obéi aux ordres de Hitler.

Tout au long de décembre la Luftwaffe largua à peu près 70 tonnes de réserves par jours. L'armée allemande encerclée attendait un minimum de 300 tonnes par jour. Les soldats passèrent à 1/3 des rations et commencèrent à tuer et manger leurs chevaux. Le 7 décembre, la 6e armée vivait avec un pain pour cinq hommes.

Conscient maintenant que la 6e armée étaient en danger d'être affamé et de capituler, Hitler ordonna au maréchal Erich von Manstein et la 4e armée panzer de lancer une tentative de sauvetage. Manstein réussit à se rapprocher à près de 48 km de Stalingrad, mais fut alors stoppé par l'armée rouge. Le 27 décembre 1942, Manstein décida de se retirer parce qu'il était aussi en danger, car les troupes soviétiques commençaient à l'encercler.

À Stalingrad, plus de 28 000 soldats allemands furent tués en seulement un mois. Peu de nourriture fut laissée, Paulus donna l'ordre que les 12 000 hommes blessés ne devaient plus être nourris. Seulement ceux qui pouvaient combattre auraient droit à leurs rations. Erich von Manstein donna l'ordre à Paulus d'évacuer en masse. Paulus rejeta l'ordre disant que ses hommes étaient trop faibles pour entreprendre une telle démarche.

Le 30 janvier 1943, Hitler promut Paulus maréchal et lui envoya un message lui rappelant qu'aucun maréchal allemand n'avait jamais été capturé. Hitler suggéra clairement que Paulus devait se suicider, mais il refusa et le jour suivant se rendit à l'armée rouge. Le dernier allemand se rendit le 2 février.

La bataille de Stalingrad était terminée. Plus de 91 000 hommes furent capturés et un peu pus de 150 000 furent tués durant le siège. Les prisonniers allemands furent forcés de marcher vers la Sibérie. Environ 45 000 moururent durant la marche vers les camps de prisonniers de guerre et seulement environ 7 000 survécurent à la guerre.

Paulus fut placé en détention et refusa tout d'abord de coopérer avec les Soviétiques. Cependant, il découvrit après que ses amis Erich Hoepner et Erwin von Witzleben, ont été exécutés après le complot du 20 juillet, il accepta de faire des émissions antinazies. Ceci inclut d'appeler les officiers allemands à déserter ou à désobéir aux ordres de Hitler. Comme résultats de ces émissions, Hitler ordonna que la famille entière de Paulus soit emprisonnée.

En 1946, Paulus apparut à Nuremberg comme témoin pour le ministère public. Bien qu'il reconnut avoir été coupable d'attaques criminelles en URSS, il refusa d'incriminer Alfred Jodl et Wilhelm Keitel. Paulus resta en prison en URSS jusqu'à ce qu'il fût libéré en 1953. Il s'installa à Dresde, en Allemagne de l'Est, où il travailla comme inspecteur de la police.

Paulus est mort d'un cancer le 1er février 1957.

Source : © Spartacus