Paul Joseph Goebbels
Homme politique
Rheydt - Allemagne, 29 octobre 1897 || Berlin - Allemagne, 1 mai 1945
Auteur raté et sans ressources en 1924, chancelier du Reich le 30 avril 1945 après le suicide de Hitler : il y a entre ces deux dates toute la prodigieuse ascension de Joseph Goebbels. Né à Rheydt en Rhénanie, au sein d’un milieu très modeste de religion catholique, il est frappé d’une infirmité congénitale qui le fait boiter. Au sortir du lycée, il devient étudiant et obtient, en 1922, son doctorat en philosophie à l’université de Heidelberg (Allemagne). Commence alors pour le jeune intellectuel une période décevante et déprimante. Revenu à Rheydt auprès des siens, il tente vainement de se faire un nom en littérature. La politique va lui procurer un emploi, le mettre en lumière et révéler son incontestable talent de polémiste. Il est gagné au national-socialisme, en 1922, par Gregor Strasser qui en fait son secrétaire. Le hasard veut qu’en 1924 il fasse ses débuts d’orateur à Rheydt, comme contradicteur dans une réunion communiste.
Ainsi mis en valeur, Goebbels entre comme rédacteur, au mois d’août 1924, dans la revue hebdomadaire national-socialiste, Völkische Freiheit , «organe de combat rhénano-westphalien pour une Grande Allemagne nationale et socialiste».
Il s’établit à Elberfeld (Allemagne), où une vie nouvelle commence pour lui. À la fin d’août 1926, Hitler le nomme commissaire à la direction du Gau (district) de Berlin (Allemagne). Il réussit magistralement à propager dans la capitale le national-socialisme et dirige le périodique Der Angriff (1927-1933). Le 20 mai 1928, lors des élections du Reichstag, Goebbels est l’un des douze élus du Parti national-socialiste ouvrier allemand. Vers la fin de l’année 1929, il gravit un échelon de plus : Hitler fait de lui le chef de la propagande du parti pour l’ensemble de l’Allemagne. Goebbels peut alors donner la mesure de ses moyens. Par une propagande agressive et insistante, il obtiendra des succès spectaculaires aux élections à partir de 1930. Le 30 janvier 1933, le Führer devient chancelier du Reich; dès le 11 mars 1933, un ministère de l’Information et de la Propagande est créé et Goebbels en prend possession le 14 mars.
À son arrivée à ce poste, Goebbels met au point le système qui sera instauré ensuite dans les pays occupés: il consiste à fermer les frontières à toutes les sources d’information étrangères et à mettre la main sur tous les organes d’information intérieure, cette mainmise s’étendant à la totalité de la vie intellectuelle et culturelle du pays : presse, édition, cinéma, théâtre et radio dont Joseph Goebbels sut admirablement utiliser l’impact sur les masses. C’est la nazification de la culture qui commença par un immense feu des livres existant dans le Reich et contraires à la doctrine du parti. La chambre culturelle du Reich contrôle toute la vie intellectuelle et artistique, excluant opposants, tièdes et racialement impurs. La même nazification fut appliquée à l’enseignement et aux mouvements de jeunesse. Pendant douze ans, la population allemande vécut sous le matraquage de la propagande Goebbels. En 1938, après l’assassinat de von Rath à Paris, Goebbels est l’instigateur de la "nuit de cristal" (incendie des synagogues et pillage des maisons juives).
L’invasion de la Pologne est précédée, en mai 1939, par l’annonce de la "terreur tchèque", déclenchée contre les Allemands des Sudètes. En 1942, les innombrables allocutions de Goebbels persuadent les Allemands de la faiblesse des Russes juste avant la capitulation de Stalingrad (URSS). En France, à partir de 1940, la Propaganda Abteilung est chargée de répandre les thèmes de la propagande nazie contre les Anglo-Saxons, les Soviétiques, les gaullistes, les juifs, les francs-maçons et de susciter des œuvres inspirées de la culture allemande et de l’éthique hitlérienne.
D’une fidélité absolue à Hitler, d’une activité prodigieuse, Goebbels aura réussi à faire de la propagande une véritable technique, exerçant ainsi sur les Allemands une influence considérable. «La propagande de Goebbels, dira Hitler, est une de nos armes de guerre les plus efficaces.»
Au mois d’août 1944, la direction de la guerre totale incombe à Goebbels. Alors que l’Allemagne est frappée de tous côtés, il tente de relever son moral en faisant état de l’existence d’"armes secrètes et imparables". Jusqu’au bout, Goebbels ranime le courage des combattants. Il a fait venir, dans le bunker de Hitler à Berlin (Allemagne), sa femme et leurs six enfants. L’étau russe se referme. Hitler épouse Eva Braun, et Goebbels est son témoin. Dans son testament, le Führer le désigne comme chancelier du Reich. Mais Goebbels et sa femme, nazie fanatique, ne veulent pas survivre à leur Führer qui s’est suicidé avec Eva, le 30 avril. Le 1er mai 1945, le couple empoisonne ses six enfants puis se donne la mort à son tour.
Source : © Encyclopédie Universalis 2003