Dwight David Eisenhower

eisenhower

Général et homme d'État

Denison, Texas - États-Unis, 14 octobre 1890 || Washington - États-Unis, 28 mars 1969

L'officier d'état‑major La vocation de Dwight David Eisenhower pour le métier des armes le conduisit à l'Académie militaire de West Point, d'où il sortit lieutenant en 1915. Cependant, ses affectations successives ne lui offrirent pas l'occasion de commander devant l'ennemi, mais d'exercer des fonctions d'officier d'état‑major; il acquit ainsi une importante expérience en matière d'organisation. Après plusieurs années passées à l'état‑major de l'armée américaine, il fut nommé, en 1935, assistant du général MacArthur, alors conseiller militaire du gouvernement philippin. Revenu aux États‑Unis en janvier 1940, Eisenhower prit, à Fort Lewis, dans l'État de Washington, le commandement du 15e régiment d'infanterie, mais il quitta bientôt la troupe pour occuper le poste de chef d'état‑major de la 3e division, puis du IXe corps d'armée. Nommé colonel en mars 1941, il devint, quelques mois plus tard, chef d'état‑major de la IIIe armée, à San Antonio; il accéda alors au grade de brigadier général.

Le commandant des forces alliées
L'agression japonaise contre Pearl Harbor lui valut d'être appelé à Washington par le général Marshall, chef d'état‑major général, qui lui confia la direction du bureau des opérations. Envoyé en Grande‑Bretagne en juin 1942, il prit le commandement des troupes américaines en Europe et prépara le débarquement allié de novembre 1942 en Algérie et au Maroc. Promu commandant des armées alliées en Afrique du Nord, Eisenhower dirigea la campagne de Tunisie et les opérations de débarquement en Sicile et en Italie. Rappelé à Londres en décembre 1943, il se vit confier le commandement des forces terrestres, navales et aériennes tactiques alliées, chargées de libérer l'Europe occidentale de l'occupation allemande: c'est à ce titre qu'il dirigea le débarquement en Normandie (opération Overlord), en juin 1944. Nommé, en septembre, commandant en chef des forces alliées dans l'ouest de l'Europe, il reçut la capitulation allemande à Reims le 7 mai 1945.

Le commandant suprême des forces atlantiques
L'exercice d'aussi hautes responsabilités exigeait des qualités particulières qu'Eisenhower semble avoir possédées au plus haut point: modestie et honnêteté, aptitude à la conciliation et goût du compromis lui ont permis, en effet, de conduire au succès, sans trop de heurts, une coalition très lourde, au sein de laquelle les rivalités entre chefs militaires et les divergences de vues gouvernementales étaient inévitables. On a pu lui reprocher de ne pas se tenir assez près du théâtre des opérations, mais sans doute la complexité du conflit le lui imposait‑elle. Ses fonctions de commandant en chef ne pouvaient se réduire à leur seul aspect militaire. La guerre terminée, il fut nommé chef d'état‑major général des forces américaines, jusqu'en juin 1947, date à laquelle il quitta le service actif. Il fut élu, l'année suivante, président de l'université Columbia. Rappelé par le président Truman, il devint président du comité des chefs d'état‑major jusqu'en août 1949, puis commandant suprême des forces atlantiques en Europe en 1951-1952.

Le président des États‑Unis
Sa carrière l'avait jusqu'alors écarté de la vie politique; il démissionna néanmoins pour se présenter à la présidence de l'Union comme candidat des républicains, qui voyaient en lui la seule personnalité dont le prestige soit capable de les ramener au pouvoir après vingt ans d'administration démocrate. Élu en 1952, aisément réélu en 1956, Eisenhower prit finalement ses distances à l'égard de ses amis politiques, se comportant à la Maison‑Blanche plus en arbitre qu'en chef de parti: sous ses deux mandats, les États‑Unis ont effectivement connu l'atténuation d'un certain nombre de tensions.

Bien que porté au pouvoir par un corps électoral qui reprochait aux démocrates leur impuissance devant la montée du gangstérisme et l'interminable guerre de Corée, l'administration Eisenhower, représentative des milieux d'affaires, soutiens traditionnels du parti républicain, ne put empêcher que la politique intérieure américaine prît souvent un tour réactionnaire, marqué notamment par des mesures favorables aux intérêts privés.

À l'extérieur, après avoir abouti à la conclusion de l'armistice de Panmunjom (Corée du Nord), qui mettait fin à la guerre de Corée (juillet 1953), Eisenhower laissa son secrétaire d'État John Foster Dulles mener une politique d'élaboration de pactes destinés à contenir le communisme, notamment en Asie du Sud‑Est, mais il refusa d'engager les États‑Unis dans la guerre d'Indochine, et poussa à la conclusion d'un armistice, négocié à Genève (Suisse) en juillet 1954. Dans le climat de détente ainsi créé, le traité d'État autrichien put être signé en 1955. En revanche, l'année 1956 fut marquée par les graves crises de Suez et de Hongrie, qui permirent du moins aux États‑Unis et à l'URSS de déterminer tacitement leurs sphères d'influence. D'où le retour à une certaine détente, qu'Eisenhower contribua à renforcer en prenant lui-même la direction de la politique étrangère des États‑Unis après la mort de John Foster Dulles (1959) et en nouant le dialogue avec Moscou (voyage de Khrouchtchev aux États‑Unis en 1959).

Source : © Encyclopédie Hachette Multimédia 2003